Interview du goalkeeper des Canadiens de Montreal dans L'Equipe (grand journal quotidien sportif français)
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CRISTOBAL HUET est l'actuel gardien de but des Montreal Canadiens (NHL). Au 23 décembre, il compte 23 matches joués (21 comme titulaire) avec 93,3% d'arrêts, 14 victoires et 2 shutouts (0 but encaissé) à son crédit. Il revient sur son parcours nord-américain, qui l'a d'abord vu passer par les Los Angeles Kings et une équipe mineure, les Manchester Monarchs, et sur l'ambiance autour du club québécois.
MONTREAL : «Les Canadiens, c'est ce qui fait parler les gens tous les jours, au bureau, au lendemain des matches ou avant qu'ils ne débutent. En dépit de cet intérêt, nous, les joueurs, arrivons à vivre normalement. Mais c'est vrai que nous sommes reconnus dans la rue, que nous sommes un peu des privilégiés. Il y a une trentaine de journalistes à Montreal qui nous suivent quotidiennement. Ils sont dans les vestiaires après les matches, ils voyagent dans le même avion que nous et décrivent tous nos faits et gestes. Je dois dire que quelquefois, il faut trouver des choses à leur dire !»
LA SAISON : «Nous jouons trois à quatre matches par semaine, soit une rencontre environ tous les deux jours. Cela occasionne de nombreux voyages. Au fil de la saison, nous nous entraînons de moins en moins, sauf peut-être les joueurs qui sont les moins appelés sur la glace. Nous gardons notre énergie pour les rencontres.»
LA DRAFT : «J'ai su que j'avais été drafté par une personne qui était aux Etats-Unis. Je ne savais même pas que la sélection avait lieu cette nuit-là. Cela a été un peu une surprise, même si je savais que plusieurs clubs de NHL étaient venus me voir jouer.»
LOS ANGELES : «Aux Kings, c'est vrai que nous étions dans l'ombre des Lakers et de l'industrie du cinéma. Mais il y avait quand même un groupe de passionnés qui nous suivaient. La patinoire était toujours remplie. C'était en même temps du succès et de l'anonymat.»
MANCHESTER : «Aux Monarchs (ville du New Hampshire située à 45 minutes de Boston), je me suis bien adapté. J'ai beaucoup appris sur le fonctionnement d'une équipe en Amérique du Nord et l'état d'esprit de la NHL. Mais j'ai eu la chance de ne pas y rester longtemps. Là-bas, il y a une petite communauté de Québécois. La patinoire, qui pouvait accueillir 10 000 spectateurs, était toujours pleine.»
MEILLEUR SOUVENIR : «Ma première victoire en NHL avec les Kings. Notre adversaire était les Pittsburgh Penguins avec Mario Lemieux. Je suis entré en cours de jeu alors que mon équipe perdait 0-2. Le score s'est finalement inversé. A la fin du match, Lemieux est venu me voir et m'a gentiment donné un coup de crosse dans les jambières en me disant "Bien joué". Venant de la part d'un joueur comme lui, c'était impressionnant.»